Le FinOps pour maîtriser les dépenses du cloud se développe sans la DAF

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Dans les entreprises, afin d’éviter les dérives budgétaires qu’entraîne le cloud, les pratiques FinOps se structurent. Mais moins rapidement que l’explosion des usages du cloud ne le nécessiterait. (Photo : Finops.org CC BY 4.0)

Alors que le cloud prend de plus en plus de place dans les budgets IT des entreprises, placer ces dépenses sous contrôle est devenu impératif pour une large part des organisations. C’est tout l’enjeu du FinOps, un ensemble de pratiques consistant à aligner les dépenses cloud sur les besoins réels des entreprises. Des pratiques qui s’installent peu à peu dans les organisations – surtout quand elles commencent à mesurer les dérives budgétaires qu’entraîne le cloud à défaut d’un contrôle strict -, comme le montre une étude de la FinOps Foundation, un programme de la fondation Linux visant à accélérer le développement de cette discipline.

Pour produire son « état du FinOps en 2022 », la fondation s’est basée sur les réponses de 1056 entreprises dans le monde, représentant un total de 40 Md$ de dépenses dans le cloud. Des organisations que la FinOps Foundation classe en différents niveaux de maturité, une logique qui permet de mesurer les écarts entre les uns et les autres. Ainsi, les organisations les plus avancées font état de dérives d’environ 5% entre les estimations de dépenses et les factures effectivement reçues des fournisseurs. Parmi les entreprises débutantes en matière de FinOps, l’écart monte plus ou moins à 20%.

Seulement trois ans d’ancienneté dans le métier en moyenne

Ce simple constat et les complexités de la discipline expliquent la montée en puissance des équipes FinOps au sein des entreprises. Les moins avancées ont consacré trois personnes au sujet en moyenne. Ces équipes atteignent neuf personnes dans les organisations les plus matures sur le contrôle des coûts. Ces effectifs devraient surtout largement progresser dans les 12 mois qui viennent, pour passer respectivement à six et quatorze personnes. Ces équipes FinOps sont souvent placées sous l’autorité d’un responsable de la technologie (Chief Technology Officer ou DSI dans deux tiers des cas), plutôt que sous celle d’une DAF (finance et achats représentent un peu plus de 20% des cas).

La FinOps Foundation indique cependant que la discipline continue de regrouper des profils techniques et d’autres issus de la finance. Logiquement, ces compétences n’ont que peu de séniorité dans le domaine, environ trois ans. Même si cette ancienneté progresse de quelque 6 mois par rapport à l’édition 2021 de cette même étude.

Une complexité croissante, des usages qui s’intensifient

Cette structuration des pratiques semble indispensable compte tenu de la complexité du contrôle de coûts dans les environnements cloud. Interrogés sur leurs principales difficultés, les répondants à l’enquête soulignent les multiples défis qu’ils rencontrent tant sur un plan technique pour transformer la culture en interne : impliquer les ingénieurs (30%), prévoir les dépenses de façon juste (29%), accélérer l’adoption du FinOps (22%), favoriser l’automatisation (20%), réduire les dépenses inutiles (19%) ou encore aligner la finance et les achats avec les équipes techniques (16%). « Ces résultats montrent que la nature décentralisée du cloud rend l’optimisation des coûts difficile à orchestrer. Ce n’est pas que les équipes FinOps les plus avancées ne parviennent pas à résoudre les problèmes posés, mais ces problèmes deviennent de plus en plus complexes à mesure que les dépenses et les usages augmentent », écrit la fondation.

Exemple emblématique : parmi les entreprises utilisant plusieurs prestataires de cloud, seul un peu plus d’un tiers parvient à unifier et normaliser les données de facturation provenant des différents fournisseurs. Et les organisations continuent d’utiliser une profusion d’outils (3,7 en moyenne), certains chez de grands prestataires (comme Cost Explorer fourni par AWS, qui devance toutes les autres solutions), des solutions spécialisées (comme celles que commercialisent Apptio ou VMware), mais aussi des développements maison. « De façon surprenante, les solutions d’outillage maison sont celles qui connaissent la croissance la plus nette par rapport à l’année dernière », notent les auteurs de l’étude.

Les anomalies sont détectées, mais la réaction est lente

La structuration des démarches FinOps visent plusieurs objectifs, eux aussi scrutés par l’étude. Notamment la capacité à maximiser l’usage des discounts et autres rabais accordés par les prestataires. Sans surprise, deux tiers des entreprises les plus avancées en matière de FinOps utilisent déjà des services à prix discount, basés sur des engagements en matière d’usage. Contre 36% des organisations les moins matures. Ces dernières ont davantage recours aux prix catalogue standards. Par ailleurs, si 58% des entreprises ont mis en place un processus (automatisé ou manuel) pour détecter des anomalies – soit des surcoûts non attendus -, 53% des répondants reconnaissent que leur équipe FinOps mettra des jours à réagir à ces dérives. « Les équipes FinOps les plus avancées sont trois fois plus susceptibles d’utiliser l’automatisation pour évaluer les charges financières du cloud que les autres niveaux de maturité. Cependant, même ces équipes continuent souvent à travailler sur la manière de gérer ces anomalies », observe le rapport.

Car, au-delà du suivi et de l’outillage, la pratique doit viser à responsabiliser les utilisateurs, métiers compris. En la matière, beaucoup reste à faire. Si les entreprises affichent leur ambition de réaffecter 90% ou plus de leurs dépenses cloud, elles ne sont actuellement que 14% dans ce cas. 28% supplémentaires parviennent toutefois à répartir de 71 à 90% de leurs factures vers différents services. Par ailleurs, l’affichage des coûts (showback) pour les équipes reste souvent assez statique. Dans environ un tiers des organisations, ce reporting est uniquement mensuel. Seules 7% des entreprises parviennent à diffuser ces informations budgétaires au cours de chaque sprint ou immédiatement après le déploiement.

Reynald Fléchaux

Article original à retrouver sur le site de notre publication sœur CIO.

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