Malika Mir est directrice des systèmes d’information du groupe Bel depuis 2019. Sur la période 2020-2023, elle a initié une transformation de la DSI, afin d’introduire de nouvelles méthodes de travail et des compétences visant à mieux répondre à la demande des métiers. Design thinking, agilité et lean IT sont aujourd’hui mis au service de projets innovants, aussi bien dans les sites industriels que sur la supply chain. Dans cet entretien, Malika Mir évoque également les enjeux croissants en matière de données et son approche pour une IT écoresponsable. (Photo Bruno Levy)

Malika Mir est directrice des systèmes d’information du groupe Bel depuis 2019. Sur la période 2020-2023, elle a initié une transformation de la DSI, afin d’introduire de nouvelles méthodes de travail et des compétences visant à mieux répondre à la demande des métiers. Design thinking, agilité et lean IT sont aujourd’hui mis au service de projets innovants, aussi bien dans les sites industriels que sur la supply chain. Dans cet entretien, Malika Mir évoque également les enjeux croissants en matière de données et son approche pour une IT écoresponsable.

CIO : pour commencer, pouvez-vous nous représenter le groupe Bel ?

Malika Mir : le groupe Bel est un groupe agroalimentaire français, présent notamment sur les produits laitiers et fruitiers, et qui compte 13 000 employés. C’est une entreprise familiale, avec une vraie présence internationale : nous sommes présents dans une centaine de pays, avec une trentaine d’usines dans le monde entier, au Canada, aux États-Unis, au Vietnam, au Maroc et bien entendu en France. Nos marques principales sont La Vache qui rit, Kiri, Mini Babybel, Apéricube et Boursin, ainsi que les marques Materne et de nombreuses autres marques locales. Nous avons également lancé en 2020 la marque Nurrish de fromage végétal, afin de répondre à une nouvelle demande des consommateurs. En 2020, notre chiffre d’affaires a atteint 3,4 milliards d’euros.

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CIO : A votre arrivée, vous avez entrepris une transformation en profondeur de la DSI, pour introduire en particulier de nouvelles façons de travailler. Pouvez-vous nous expliquer les enjeux et ce que vous avez mis en place ?

Malika Mir : en 2019, j’ai lancé un plan stratégique pour la période 2020-2023, avec un nouveau plan de transformation. Il s’agissait d’acquérir de nouvelles compétences afin d’aider l’ensemble de l’équipe IT, notamment à travers le recrutement d’experts du design thinking, de product owners ou d’architectes. Le plan avait également pour objectif d’introduire de nouvelles méthodes de travail, cole lean IT ou le design thinking, afin d’améliorer la productivité collective en gérant différemment les incidents IT, la demande avec les métiers, etc. Avec le design thinking, plutôt que de déclarer « j’ai besoin de telle solution », il s’agit de dire « voilà le problème que je cherche à résoudre, les rôles concernés, les interactions qui entrent en jeu et les irritants rencontrés », afin de mieux y répondre en ciblant le vrai besoin. Enfin, le plan visait à apporter de nouveaux outils et à faire entrer dans l’entreprise des solutions plus innovantes, pour amener par exemple de l’agilité dans nos systèmes ERP. Nous avons travaillé avec 32 startups dans ce but, ce qui nous a permis de renouveler certaines solutions et d’en introduire de nouvelles. Par exemple, en infrastructure et réseau, nous avons mis en place des solutions prédictives pour identifier les pannes avant que les utilisateurs ne les perçoivent. Nous avons déployé un outil de process mining pour regarder les écarts par rapport aux processus standards, qui souvent évoluent, et comprendre ce qui doit être mis en place pour s’adapter. Nous avons aussi déployé des solutions de signature électronique, de suivi des contrats, ainsi que des outils pour la R&D, notamment pour le pilotage de produits innovants. Enfin, sur nos activités industrielles, nous avons amené des solutions innovantes pour la collecte de données en provenance des automates, en vue de donner aux opérateurs les informations pertinentes pour leur travail.

En deux ans, nous avons beaucoup accéléré cette transformation, en partie du fait de la crise sanitaire. À présent, nous avons commencé à travailler sur un réajustement, afin de monter encore d’un cran sur la digitalisation pour accompagner la transformation du groupe. L’un de nos objectifs pour les deux prochaines années est de parvenir à un fort rapprochement avec les métiers, mais aussi de commencer à travailler avec notre écosystème. Nous fournissons en effet de plus en plus de données aux distributeurs, qui eux-mêmes les utilisent auprès des consommateurs. Cette demande augmente fortement, portée à la fois par les réglementations (Nutriscore, etc.) et par les consommateurs. Il faut opérer la bascule entre une organisation qui travaille souvent pour elle-même, en interne, pour aller avec les métiers adresser ces enjeux externes, ces demandes qui vont au-delà de l’entreprise.

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Aurélie Chandèze
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